Astral – Une nouvelle fantastique – Partie 4 – Vérité

Trois mois plus tard. Le temps a fait son travail et tout le monde a oublié que M. Frémont avait un jour existé. Cela m’a conforté dans l’idée que ce n’était vraiment pas une grande perte. Fati s’épanouit dans son travail mais elle est beaucoup moins disponible qu’avant. On essaie au max de se faire des soirées filles avec Sandra. Mais pour le coup, elle est aussi occupée par son petit ami, Boubacar, avec qui elle sort depuis le lycée.

Je n’ai jamais cru à l’amour de jeunesse qui dure éternellement, mais ça a l’air de bien marcher pour eux. Boubacar est ingénieur, elle, artiste peintre, ils se complètent parfaitement. Également, Sandra revient d’une année de Césure en Corée du Sud, ce qui lui fait privilégier ses retrouvailles avec son homme. On ne peut pas lui en vouloir. Pourtant, lorsqu’elle se confie à nous, on a plus l’impression qu’elle est en mission de sauvetage du couple. Elle a trouvé Boubacar plutôt distant depuis son retour. Il travaille beaucoup et passe plus de temps chez ses copains qu’avant. J’ai essayé de lui expliquer qu’un an de séparation, malgré toutes nos technologies, c’est difficile à vivre pour la personne qui est restée.

Il a changé ses habitudes et s’est forcément rapproché de son cercle amical en son absence.
– Laisse du temps au temps, lui dis-je au téléphone.
– T’as sûrement raison, mais moi, je n’ai pas l’impression d’avoir changé, je suis hyper patiente mais c’est dur.
– Ouais et tu me disais qu’il ne voulait plus rendre de compte
– C’est ça, genre, je suis pas sa mère, je n’ai pas à savoir ce qu’il fait H24.
– Ah ouais quand même. T’es sûr qu’il n’a pas une go sur le côté ?
– Lui ? Moche comme il est !
– Oooh t’abuses !
– Non sérieux, c’est une des raisons pour lesquelles je me suis mise avec. Il est gentil, doux, responsable, tout ce que tu veux, mais c’est pas un Apollon avoues !
– C’est pas moi qui l’ai dit ! Autant, elle était sûre d’elle, autant je commençais à me poser des questions. On sait depuis la nuit des temps que la beauté ne préserve pas de l’infidélité. Sandra est aussi belle, que Boubacar est…laid. Mais son intelligence peut charmer. Il était temps de mener l’enquête. Pour le coup, je connaissais aussi Boubacar depuis le lycée et je ne voulais pas projeter mon corps Astral dans leur intimité, chez eux. C’était beaucoup trop intrusif, sachant que je n’avais que des doutes.

J’ai donc décidé de le prendre en filature telle une détective privée et d’observer ses allées et venues sur une semaine. Sandra m’avait dit qu’il allait chez son pote Jay tous les mardis à 19h pour une soirée Poker. Sauf qu’elle ne connaissait pas ce mec. Il s’était lié d’amitié avec lui lorsqu’elle n’était pas là et il ne lui donnait pas plus de détails que cela. J’ai choisi ce mardi pour me projeter dans la voiture de Boubacar et savoir s’il disait la vérité. 18h30, Boubacar monte dans sa voiture. Mon corps Astral est assis à l’arrière. Étrangement il se retourne une fois sa ceinture bouclée. Je fais un bond, la panique a failli me faire revenir dans mon corps physique.

Finalement, je me rends compte qu’il observe une crotte de pigeon sur sa vitre. Il ressort pour la nettoyer. Ouf ! Vers 19h, nous arrivons donc à destination. Une petite maison sur la rue Diakité. Jay sort sur le perron. Jay porte une très belle robe. Boubacar la rejoint, tout sourire et la prend dans ses bras. J’en ai assez vu, je reviens dans mon corps physique et me jette sur mon portable pour appeler Sandra. Je lui dis de ne rien me demander et de se rendre immédiatement au 23 rue Diakité, où Jay habite. Je n’ai pas de nouvelles avant 2h du matin. L’attente était insoutenable, j’ai voulu me projeter au moins mille fois là-bas, mais ma raison me persuadait de rester à ma place et de leur laisser régler cela seuls.
Sandra m’appelle :
– C’est réglé Ce n’est pas le ton auquel je m’attends. Je m’attendais à ce qu’elle soit hystérique, en colère. Son ton est calme.
– Alors ?
– Alors, je suis arrivée et j’ai jeté un œil par la fenêtre en premier. Mon sang n’a fait qu’un tour lorsque j’ai vu une belle femme assise dans un canapé en face de lui…
– Ils ne faisaient rien ?
– Ils discutaient…Jay est sa psy.
– Attends quoi ? Sandra m’explique qu’elle a frappé à la porte, Jay est venue et l’a invité à entrer. Bien que Boubacar avait l’air surpris, il n’avait pas l’air paniqué ni coupable. Ils se sont finalement retrouvés en thérapie de couple toute la soirée. Boubacar a avoué qu’il avait traversé une période difficile pendant son année de césure, il s’était senti perdu, malheureux. Il était constamment triste et n’arrivait pas un mettre le doigt sur le fond du problème.

Il ne pouvait pas se confier à ses potes sans subir des moqueries, et il a cherché un psy dans le coin. Il pensait qu’avec le retour de Sandra, tout serait rentré dans l’ordre mais sa tristesse était toujours là, il a donc continué ses rendez-vous. Soulagement. J’étais quand même contente de cette conclusion. Je m’étais déjà imaginé plusieurs manières de me venger de lui et ça me brisait le cœur d’avance. C’était quand même un ami pour moi. Trois semaines après cette soirée, Sandra, nous a dit lors d’un déjeuner entre filles que l’ambiance c’était grandement améliorée dans son couple. Boubacar sentait qu’il avait besoin de quelques séances supplémentaires mais qu’il voyait le bout du tunnel. Ils passaient de belles soirées en amoureux, et elle le sentait « reconnecté » à elle. Elle m’a demandé comment j’avais eu l’adresse de Jay, et j’ai inventé une histoire peu crédible du genre « je passais dans le coin et j’ai reconnu sa voiture ». Elle a raconté la même histoire à Boubacar. Personne ne m’en a voulu.

Une semaine plus tard, Sandra nous a invité, Fati et moi à dîner chez elle. Boubacar a cuisiné pour nous, et une superbe atmosphère émanait de cette soirée. On a rigolé, refait le monde, et bu pas mal de vin. J’avais ce sentiment d’avoir retrouvé mon crew ! Vers la fin de soirée, Fati et moi, proposons de ranger un peu avant de partir, et nous attelons à la tâche. A un moment, je me retrouve toute seule dans la cuisine avec Boubacar, et je ne me sens pas très à l’aise. Je suis sûre qu’il va me demander la vérité sur ma connaissance de l’adresse de Jay. Il est beaucoup moins ingénu que Sandra. Je vois, qu’il regarde furtivement la porte pour s’assurer que personne n’arrive.

Il s’approche et me dit :
– Tiens, tu portes le même pull vert que dans ma voiture y’a un mois.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Translate »
Retour en haut